La ville durable est, de manière paradoxale, difficile à définir car elle constitue plutôt un projet qu’une théorie. Cependant, on peut s’appuyer sur les trois principes que met en évidence C. Emelianoff (2005) pour tenter de clarifier quelques principes :
La ville durable est ainsi une ville qui met en jeu un projet environnemental, économique et social. On retrouve là les trois piliers du développement durable. Mais l’organisation de la vie urbaine introduit également une dimension politique non négligeable, puisque la gouvernance locale fait également partie des enjeux de la ville durable. C’est pourquoi le quartier est souvent présenté comme l’échelle pertinente pour penser la ville durable. Il permet la prise de parole, les débats, les relations d’interconnaissances. Nous nous intéresserons donc surtout au quartier dans la suite de ce travail, sans perdre de vue toutefois que cela pose des problèmes, notamment en terme de séparation sociale.
La principale caractéristique de ces quartiers est la réinscription dans un fonctionnement écologique planétaire. Ainsi, ces quartiers engagent une recherche d’autonomie énergétique, pour développer les potentiels d’énergie renouvelable et l’isolation thermique des bâtiments. Mais les aspects techniques ne sont pas les seuls à répondre aux nouvelles exigences environnementales. « La compacité, la densité, la mixité fonctionnelle et la mobilité douce véhiculent des préoccupations énergétiques dans l’urbanisme, tout en fabriquant des environnements dont les caractéristiques ne se réduisent pas à l’économie de ressources » (Emelianoff, date inconnue). C’est donc l’organisation urbaine qui permet de répondre aux défis environnementaux. La recherche de la mixité fonctionnelle implique par exemple la présence de services sociaux, d’équipements éducatifs, culturels et sportifs, de commerces de proximité, de locaux associatifs qui encouragent une vie sociale.
Si la mixité fonctionnelle est une composante centrale des quartiers durables, qu’en est-il de la mixité sociale ? Une analyse de la composition de la population des éco-quartiers montre que celle-ci est majoritairement composée de classes moyennes supérieures (Guyonnet, 2007). Ainsi, la reconquête de zones en déprise urbaine (zones portuaires, friches industrielles…) souvent à l’origine de projets d’éco-quartiers, conduit à leur gentrification, selon un scénario classique de renouvellement. « L’absence de mixité sociale réduit le développement durable à une durabilité écologique » (Emelianoff, ibid.). La maîtrise du foncier semble alors être un outil pour garantir un minimum de mixité sociale.
D’autre part, ces quartiers développent une vie en communauté, ce qui accentue le risque d’entre-soi. En effet, l’implication des résidents dans la gestion des espaces communs, dans l’organisation d’évènements communs, dans l’auto-construction risque de se transformer en implication dans le maintien d’un entre-soi, souvent fondé sur la différenciation sociale.
Munis de ces questions, nous sommes allés visités l’éco-quartier de Fribourg, le quartier Vauban. Le deuxième moment de ce travail nous permet donc de confronter les questions posées précédemment avec un aperçu du fonctionnement de ce quartier.