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Département de Géographie

École normale supérieure

Situation

Le secteur du Hohneck s’étend sur 3375ha et regroupe 7 communes, tant sur le versant lorrain que sur le versant alsacien. On y recense 5 sites Natura 2000, dont Chaumes du Hohneck, Kastelberg, Rainkopf, et Chaume Charlemagne (Code Natura 2000 : FR410020). Il possède une grande variété de milieux, notamment en raison de l’étagement de la végétation, puisque le point le plus bas du secteur est à 520m tandis qu’il culmine à 1363m, au sommet du Hohneck. C’est d’ailleurs à ces altitudes, au-delà de 1000m, que l’on trouve les hautes-chaumes. En termes naturels, il présente un intérêt floristique majeur, notamment en raison de la présence d’une centaine d’espèces rares ou menacées. Cette richesse est pour une large part un héritage, comme nous l’avons vu précédemment.

La surface hautes-chaumes (« formations herbeuses à Nardus riches en espèces sur substrat siliceux des zones montagnardes » selon la nomenclature Natura 2000) atteint environ 125ha, soit 4% du total du secteur avec 0,2ha pour le Hohneck en tant que tel. L’état de ces espaces est jugé dégradé pour 1/3, en raison soit d’une sous utilisation amenant un enfrichement, soit d’une sur-utilisation, en particulier les effets de la fréquentation touristique. En effet les conséquences érosives du piétinement sont réelles : le tapis végétal est détérioré, l’eau, le gel et le dégel parviennent à creuser des ornières jusqu’à la roche entrainant la terre qui permettrait à la pelouse de se reconstituer. La régulation de l’activité touristique est l’un des axes majeurs de la gestion de ces espaces.

Photo ci-contre : Tourisme et Erosion

La gestion de ces espaces

La grande majorité de ces espaces ouverts sont gérés par des exploitants agricoles, également tenanciers de fermes auberges. Ainsi, si l’on constate que grâce à cette activité l’essentiel des chaumes est pâturé, certains espaces périphériques voient une reconquête de la forêt. On estime que ces zones de recolonisation représentent moins de 10% des terres agricoles. Environ ¼ des exploitants ont signé des CTE (Contrats Territoriaux d’Exploitation) devenus CAD (Contrats d’Agriculture Durable) et se sont donc engagés à appliquer des mesures agri-environnementales. Rappelons également que pour les ZSC et ZPS des contrats Natura 2000 sont signés avec les exploitants afin de concilier protection de la nature et activité économique. Si les mesures envisagées lèsent par trop les intérêts économiques de l’exploitant, celui-ci peut recevoir une indemnité financière.

La démarche de gestion est donc principalement contractuelle, les contrats étant signés entre les exploitants et diverses parties (Etat via ONF, PNR, Natura 2000). C’est cette démarche qui a été choisie pour mettre en œuvre les objectifs généraux définis dans la charte du Parc.

Par rapport à l’activité touristique, le problème est plus complexe en raison de la diversité des formes de tourisme et de leur saisonnalité (VTT, randonnée, raquettes, ski de fond, cueillette…). Pour pallier à cette érosion, le PNRBV mène par exemple des chantiers de restauration des chemins de randonnée (en particulier le GR 5 qui parcourt les crêtes) et tente de définir un Schéma d’Aménagement de la Grande Crête.

Les hautes-chaumes vosgiennes constituent un espace à forte valeur patrimoniale et donc un enjeu de développement important. La mise en place du PNR à la fin des années 1980 consacre la volonté d’une gestion concertée entre les différents acteurs du territoire. La conciliation entre les exigences économiques et la protection de l’environnement s’avère être la clé du débat. La forte charge sentimentale projetée par les différents acteurs sur les hautes-chaumes, loin d’être une source de conflits, semble au contraire constituer une énergie motrice sur les chemins du développement durable.

Conclusion

Bien qu’à l’origine d’une controverse scientifique, les hautes chaumes apportent un exemple encourageant de préservation et de valorisation d’un patrimoine environnemental. Transcendant la question de la dualité nature/culture, elles témoignent de la nécessité de comprendre les processus en jeu pour mieux gérer les espaces, en dépassant le simple caractère naturel ou anthropique des formations. Suivant cet exemple, les formations glaciaires pourraient également venir enrichir ce patrimoine environnemental. Le medium de cette valorisation patrimoniale pourrait alors être la reconnaissance par les différents acteurs de l’espace vosgien du rôle prépondérant des processus liés aux glaciations dans le dessin des paysages, héritages des temps géologiques.

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