S2, 6 ECTS
La géographie, les arts et l’histoire de l’art partagent un certain nombre d’objets, de sujets, de méthodes ou de notions communs, parmi lesquels nous pourrions citer le paysage, l’environnement, l’espace public, la ville, la cartographie ou bien encore la photographie, entre autres modes de représentation. Depuis sa première édition en 2016, l’École de printemps « Arts et géographies » se donne pour objectif premier de réfléchir et de concrétiser les liens existants entre ces disciplines, qui ne sont que trop rarement examinés, en vue de créer de nouvelles passerelles entre elles, tant théoriques que méthodologiques.
Nous nous intéresserons plus spécifiquement en 2017 au thème des publics et de la réception des arts. En effet, depuis les dernières décennies du XXe siècle, certaines entreprises ou organisations, et notamment les administrations publiques, tendent à attribuer aux arts (en particulier à celui qui se trouve dans le domaine public), toutes sortes de fonctions qui ne sont pas seulement esthétiques mais qui sont aussi sociales, économiques et politiques. Les arts auraient ainsi le pouvoir de ré-enchanter les espaces, d’attirer des visiteurs et des investisseurs, de promouvoir la participation des citadins à la fabrique et à la vie de la cité ou bien encore de créer du lien social. Si ces discours ont été analysés, souvent de manière critique par certains historiens et géographes de l’art (voir par exemple : Deutsche, 1992 ; Miles, 1997 ; Vivant, 2009), les effets concrets de ces arts sur les lieux dans ou avec lesquels ils sont produits, ainsi que sur les publics pour qui ou avec qui ils sont produits, constituent encore largement un aspect sous-étudié (Zebracki, 2011 ; Guinard, 2014). A l’heure où les arts sont de plus en plus présents dans le domaine public, notamment urbain, des sociétés contemporaines, nous gagnerions pourtant à nous demander – au-delà des discours incantatoires – quels sont les publics (en termes de classe sociale, de genre, d’âge, etc.) touchés ou susceptibles de l’être par ces arts et quels sont les types de publics effectivement produits : actifs, amateurs, passifs, involontaires, « non-publics » ? Il importe également de vérifier quelles sont les véritables conséquences (spatiales, environnementales, représentationnelles, etc.) de la présence et de la visibilité croissantes des arts dans la vie urbaine, ainsi que de leur constante interaction avec les citadins. Enfin, sur le plan méthodologique, il est crucial de s’interroger sur les méthodes et les outils qui nous permettent, en tant qu’historiens et géographes de l’art, de répondre à l’ensemble de ces interrogations.
L’ambition de cette deuxième édition de l’École de printemps « Arts et géographies » consistera précisément à prendre le temps d’examiner plus en détails ces questions portant sur les publics et la réception des arts dans nos sociétés contemporaines.Pour ce faire,cette École de printemps réunira artistes, géographes, urbanistes et historiens de l’art et comprendra quelques visites in situ en particulier dans la Zone d’aménagement concertée Paris Rive-Gauche.
Programme détaillé avec résumés : en bas de page.
Introduction générale
Pauline Guinard & Suzanne Paquet
Arts, environnement et publics
Bénédicte Ramade – « Complices ou coupables : quel public pour l’Anthropocène ? »
Hervé Régnauld – « La relation entre les pratiques plastiques et les enjeux "écologiques" : un débat public ? »
Laurent Vernet et Antonin Margier – « L’art comme expérience des espaces publics »
Elsa Vivant – « Mobiliser des moyens de l’art pour élargir les publics d’une recherche sur l’espace public »
Visite de la ZAC Paris-Rive Gauche avec Clotilde Kullmann et un artiste
Exploration libre de la ZAC Paris-Rive Gauche par les participants, suivie d’une mise en commun
Clotilde Kullmann – « De la transformation à la circulation de l’image des marges urbaines par l’art "éphémère" »
Bertrand Pleven – « Territorialités filmiques, quand les images débordent les écrans : Paris, Los Angeles, perspectives croisées »
Marta Boni – « Géolocaliser les traces de la réception : quelle spécificité pour l’art contemporain ? »
Marie-Kenza Bouhaddou, Patrick Le Bellec et Nabyl Karimi – « Des projets artistiques qui font participer. Tâtonnements méthodologiques en zone(s) sensible(s) »
Suzanne Paquet – « Trajectoires : œuvres furtives, images publiques »
Arts, numérique et publics
Emmanuel Château-Dutier – « Les Guides de Paris ou la construction de points de vue sur les monuments parisiens »
Conclusion
Pauline Guinard & Suzanne Paquet
Pot de clôture
Validation : pour les étudiants, le suivi de cette Ecole de printemps peut donner lieu à l’obtention de 6 ECTS. La validation se fera en fonction de plusieurs critères (assiduité, participation) et divers types de rendus écrits (résumés critiques d’articles, bref dossier de présentation d’œuvres d’art dans l’espace public, mini-mémoire de recherche).