Dates : du 6 mars au 10 mars 2023
Enseignants : Leïla Vignal et Solène Rey-Coquais
S2, 6 crédits
Dans le cadre de la PSL week, nous proposons d’explorer les reconfigurations des rapports à la « nature » dans les pays des Suds, déterminées, de la deuxième moitié du vingtième siècle jusqu’à nos jours, par des mouvements d’intégration aux marchés globaux et par des politiques de développement à différentes échelles. Au lendemain de la seconde guerre mondiale et avec la chute des anciens empires coloniaux, la mise en place d’un marché planétaire et d’un nouvel ordre économique mondial a eu des impacts différenciés dans les pays des Nords, anciennement industrialisés et polarisants, et dans les pays des Suds, décrits comme périphériques (Dados & Connell, 2012) et animés par des impératifs de développement rapide. Dans ces derniers, les bouleversements socio-territoriaux se sont intensifiés à partir de la fin des années 1970 et ont touché en particulier les territoires porteurs de ressources naturelles. Les politiques de croissance basées sur une exploitation intensive de matières premières vouées à l’exportation et la restructuration des économies nationales sous l’égide des bailleurs de fonds internationaux ont ainsi donné lieu à des reconfigurations importantes dans les territoires des Suds : transitions urbaines accélérées, disparition de la petite paysannerie et de l’autosubsistance, privatisations et cloisonnement des espaces, dégradations des milieux de vie, marginalisation de savoirs et de techniques autochtones. Ces facteurs ont engendré d’intenses modifications du rapport à la « nature » et aux milieux naturels : les ressources du sol, les ressources du sous-sol et les ressources hydriques, en particulier, se sont trouvées transformées en potentiel mercantile voué à un marché global déterritorialisé, souvent aux dépens des droits des populations locales. Nous identifions ainsi la « dépossession » de la nature comme un trait caractéristique des relations de domination Nord/Sud et proposons d’interroger ce concept avec les outils de la géographie, à plusieurs échelles et au travers de différents cas d’étude. Les héritages des politiques néolibérales dans un contexte de crise écologique et climatique ainsi que les revendications de justice environnementale nous amèneront à explorer le lien entre dépossession, droits humains et droits de la nature et à débattre des ponts à construire entre ces différentes notions pour penser les transitions contemporaines.