Compte-rendu rédigé par Éloise Libourel (prenom.nom@ens.fr)
Le vignoble bourguignon est l’un des plus septentrionaux de France, avec la Champagne et l’Alsace, et marque la limite nord de production de vins rouges. Deux sites principaux accueillent des vignobles : la région de Chablis d’une part, la Côte d’Or comprise entre Dijon et Mâcon d’autre part. C’est sur cette dernière que nous nous pencherons en priorité.
Photographie ci-contre : Paysage de vignes à proximité d’Orches - É. Libourel
Le vignoble de la Côte d’Or, qui correspond à un escarpement de faille, se distingue par des conditions d’exposition et de pente particulières. Malgré sa situation septentrionale, il possède des caractéristiques climatiques qui le rapprochent des influences méditerranéennes. Deux cépages dominent : le pinot noir (pour les vins rouges) et le chardonnay (pour les vins blancs). Le gamay et l’aligoté sont parfois présents, mais en plus faible quantité. Les vignobles de la région sont anciens, puisqu’il en existe des traces gallo-romaines, mais ils ont pris leur essor avec le christianisame dès le XIe siècle et les Ducs de Bourgogne aux XIVe et XVe siècles. Aujourd’hui, la Côte d’Or compte quelques 1 200 terroirs très hiérarchisées répartis sur 25 000 ha, allant de l’appellation « régionale » au « Grand Cru ». Cette hiérarchie est étroitement corrélée aux conditions géomorphologiques et climatiques du vignoble. En effet, la pente et l’ensoleillement jouent un rôle essentiel dans la qualité des vins.
Dans une région viticole où l’excellence et le luxe, fondés sur de très petits terroirs et des productions à faible rendement, sont étroitement liés à des conditions climatiques et géomorphologiques d’échelle très fine, les évolutions climatiques actuelles à l’échelle globale posent la question de l’évolution de la production. Celle-ci est en effet très sensible à la variabilité inter-annuelle, mais aussi intra-annuelle. Comment la géomorphologie, c’est-à-dire la combinaison des formes du relief de la Côte d’Or, et la climatologie, c’est-à-dire les conditions climatiques et leur évolution, peuvent-elles modifier à des échelles très fines les conditions de culture de la vigne ? Comment l’étude des conditions micro-climatiques apporte-t-elle des informations importantes pour la viticulture dans le contexte de la Côte d’Or ?