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Département de Géographie

École normale supérieure

Mesures climatologiques et gestion du vignoble


Des « climats » à la climatologie du vignoble bourguignon

La sélection historique des meilleurs terroirs s’est faite par observation empirique des conditions climatiques et pédologiques. Elle a notamment conduit à l’abandon de la plaine au profit des coteaux. C’est cette sélection qui a donné naissance au terme de « climats » tel qu’il est employé spécifiquement en Bourgogne. Il y prend un sens différent de celui que l’on utilise habituellement et désigne des terroirs. Le « climat » est une parcelle de vigne aux limites et au nom inchangés depuis plusieurs siècles. Il est caractérisé par son site, sa situation, ses conditions pédologiques, son exposition, son microclimat et son histoire. Ce terroir spécifique est associé à un cru.

Aujourd’hui, des études de climatologie sont menées dans la région bourguignonne, avec une dimension appliquée au vignoble. Elles sont notamment le fait des équipes de recherche de l’Institut universitaire de la Vigne et du Vin (IUVV) de l’Université de Bourgogne.

L’étude des séries statistiques des stations météorologiques proches des sites de vignoble permet de mettre en évidence l’évolution des températures et des précipitations depuis les années 1960, date à partir de laquelle l’on dispose de séries continues. Leur exploitation permet de confirmer certaines des observations empiriques, en particulier la différence de précipitations et de températures qui existe entre la plaine, la côte et l’arrière-côte, ou encore l’existence d’un double gradient altitudinal et latitudinal de la Côte d’Or, entre les villes de Dijon et Mâcon.

Dans un article intitulé « Modification des conditions de maturation du raisin en Bourgogne viticole liée au réchauffement climatique », Malika Madelin, Benjamin Bois et Jean-Pierre Chabin utilisent les données fournies par les stations météorologiques de Dijon au nord, de Savigny-lès-Beaune (à 220m d’altitude), de La Rochepot (à 410m dans les Hautes-Côtes) et de Mâcon-Charnay au sud.

Les résultats obtenus montrent deux phénomènes. Tout d’abord, à l’échelle régionale, l’ensemble des données concluent à un réchauffement marqué du climat depuis les années 1980 (+1,5°C environ). Elles confirment également le gradient latitudinal qui se traduit par un écart des températures moyennes de plus d’1°C entre Dijon et Mâcon. À l’échelle de la région de Beaune, la comparaison des données des stations de Savigny-lès-Beaune et de La Rochepot montre la même tendance au réchauffement depuis les années 1980, et un écart constant des températures moyennes d’1°C à 1,5°C en faveur de la station de Savigny-lès-Beaune.

D’autres indicateurs sont utilisés pour comparer les deux stations, comme l’indice de fraîcheur des nuits (ou indice de Huglin) et les degrés-jours (somme des températures journalières supérieures au zéro de végétation, qui est de 10°C pour la vigne). Dans les deux cas, une évolution nette est observée, et la station de La Rochepot atteint depuis la fin des années 1980 des niveaux qui étaient ceux de la station de Savigny-lès-Beaune dans les années 1970.

Le cas de la butte de Corton

Les stations météorologiques utilisées dans cette étude ne sont néanmoins pas directement à l’intérieur du vignoble. Or les variations microclimatiques entre parcelles sont importantes. Des études sont donc menées par les chercheurs de l’IUVV à des échelles beaucoup plus fines, grâce à des capteurs placés entre les parcelles à des points stratégiques variant en fonction des altitudes et des expositions.

Le site de la Montagne de Corton est un site pilote en la matière : il s’agit d’un site à la topographie contrastée couvert par des vignobles allant de l’appellation « régionale » à celle de « grand cru ». Le site est aujourd’hui couvert par 24 capteurs et 6 stations météorologiques qui enregistrent des données relevées régulièrement par les chercheurs. L’enregistrement des données par des capteurs fixes permet de comparer les mesures à un instant donné.

À cette échelle très fine, les résultats confirment l’existence de variations assez importantes à de très faibles distances. L’enjeu de ces mesures est de mieux connaître les variations à des échelles spatio-temporelles très fines entre les « climats » de Bourgogne. À terme, ces mesures pourraient aboutir à une modélisation statistique et à une meilleure connaissance des variations entre les parcelles. Il pourrait donc y avoir des implications pratiques pour les viticulteurs. Le site de Corton est néanmoins unique en France. S’il présente un intérêt dans le cas du vignoble de la Côte d’Or, il n’est en revanche pas envisagé pour les autres vignobles français, particulièrement pour les vignobles méridionaux, qui connaissent des variations climatiques moindres.

L’ensemble des séries dont on dispose mettent en évidence une tendance à la hausse des températures moyennes depuis les années 1980, ce qui pose la question du réchauffement climatique et de ses impacts sur le vignoble bourguignon.

 

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