Un risque technologique correspond à la possibilité de survenu d’une catastrophe industriel. Depuis l’accident de Seveso en Italie (10 juillet 1976), une prise de conscience du risque lié à une activité industrielle s’est opérée. La communauté européenne a émis en réponse une directive « SEVESO » en 1982 qui a évolué ensuite en 1996 par la directive « SEVESO II » pour assurer une plus grande sécurité des populations environnantes des sites industriels les plus dangereux. Les états membres de l’Union Européenne sont obligés de mettre en place une législation permettant l’identification des sites à risque et d’établir des procédures de contrôles, d’évacuation des sites et des zones environnantes dans le but de mieux protéger les populations. Cette directive introduit aussi l’obligation d’informer des populations. Dans ce cadre, les industries présentant un risque sont classées en deux catégories : SEVESO seuil bas et SEVESO seuil haut (classé aussi sous la dénomination « SEVESO AS »). Cette dénomination repose sur l’étude des dangers que l’on rencontre au niveau de ces installations industrielles, c’est-à-dire une évaluation des phénomènes dangereux possibles mais aussi sur les moyens mis en œuvre pour prévenir et pour secourir en cas de catastrophe. D’après le code de l’environnement, les industries SEVESO AS sont soumises à autorisation préfectorale et à des servitudes d’utilité publique et celles SEVESO seuil bas à autorisation uniquement.
Trois risques majeurs sont étudiés : le risque thermique, le risque toxique et le risque de surpression. Ces risques peuvent être vus à trois niveaux : celui de la personne, celui du bien et celui de l’environnement.
Caractérisation des risques technologiques en fonction des conséquences sur les populations:la gravité et l’intensité. Source : L’Étude des dangers du Ministère de l’écologie et du développement durable.
Un risque technologique se définit par sa probabilité d’occurrence, par son intensité, son niveau de gravité et sa cinétique en lien avec son environnement. La probabilité correspond à la fréquence à laquelle un incident peut survenir sur la durée de vie de l’installation. Elle est évalué grâce à l’observation de l’installation et à l’expérience sur les incidents s’étant déjà produits des installations similaires.
Le risque est avant tout vu sous l’angle humain. C’est en effet ces effets sur l’être humain qui permettent de mesurer l’intensité du phénomène. Ils sont décomposés par ordre d’intensité croissante : indirecte, irréversibles (SEI), létaux (SEL) et létaux significatifs (SELS). (Voir tableau en fonction des types de risque). L’impact sur les populations humaines permet de définir quant à lui la gravité des incidents et de définir ce qui est acceptable pour la population.
La cinétique est liée à l’environnement de l’installation. Elle prend en compte l’effet domino qui peut exister quand il y a une grande proximité entre les industries dangereuses comme cela est le cas à Dunkerque. Cette vitesse de déroulement du phénomène et de ces conséquences conditionne les mesures prises en thermes d’intervention des secours et de protection des populations.
Dans l’agglomération dunkerquoise, 13 sites sont classés SEVESO AS. 10 d’entre eux ont un risque thermique et/ou de surpression et 8 ont un risque toxique. Pour donner des exemples, les types d’accidents survenus en 2006 sur ces sites sont :
Au cours de l’année 2006, il y a eu 10 accidents recensés sur la zone dunkerquoise dans les usines « SEVESO ». Le plus fréquemment, ce sont des incendies ou des fuites de gazes ou de produits chimiques. Cependant, le risque d’explosion n’est pas à négliger comme l’a rappelé la catastrophe d’AZF (Azote Fertilisants) à Toulouse en 2001 où 400 kg de nitrate d’ammonium ont explosé. Cette catastrophe a fait 30 morts et 2500 blessés. Elle a aussi détruit une grande partie du Sud ouest de la ville.
Mardyck. Crédit : Gwenaël Roudaut
Les effets d’un incident dans la zone dunkerquoise peuvent être importants pour deux raisons :
Le risque est aussi spatialisé en fonction de la distance à l’industrie dangereuse mais aussi des conditions météorologiques au moment de l’incident comme les vents mais aussi la pluviométrie qui influe sur la propagation des pollutions aérienne mais aussi sur les surfaces touchées au sol.
Pour protéger les populations de ces risques technologiques, de nombreux plan de secours sont mis en place lors d’un accident comme le Plan d’Opération Interne (POI) pour l’évacuation du site et l’intervention des secours afin de limiter l’ampleur du sinistre, et le Plan Particulier d’intervention (PPI) pour la protection des populations voisines. De plus, chaque site classé « SEVESO AS » est tenu d’établir depuis la loi du 30 juillet 2003 un plan de prévention des risques technologiques en coopération avec les institutions publiques et les riverains. Il définit les zones à risque et fixe les règles concernant la protection des populations avoisinantes ainsi que celle de l’urbanisme. L’ensemble de ces mesures ont pour but de réduire le risque technologique à la source et d’engager la responsabilité de l’exploitant dans l’amélioration de la gestion des risques. Le croisement de la gravité des accidents possibles et leur probabilités de survenu permet de savoir s’il est acceptable de permettre à une usine de fonctionner ou à défaut de laisser vivre une population à proximité (zone d’expropriation ou de délaissement volontaire par la population).