« Je me demande quelquefois ce qu’est le monde des gens qui n’ont pas de formation géographique. Le voyage doit être pour eux une espèce de fantasmagorie mal liée, une juxtaposition heurtée de formes étranges où rien ne s’enchaîne. Ce bagage technique pourrait être dépoétisant, mais il ne l’est pas du tout. D’abord, la connaissance livresque, même photographique, des pays ne remplace pas l’expérience directe, et n’empêche pas l’effet de surprise. »
Julien Gracq, entretien avec Jean-Louis Tissier, 1978 (ed. J. Corti, 2002)
À l’instar de Julien Gracq, le département de géographie de l’Ecole normale supérieure considère le voyage et la pratique du terrain comme parties intégrantes de la formation d’un géographe. Chaque année, sont proposés aux élèves un stage de terrain de trois à quatre jours, et au moins un voyage plus long et souvent plus lointain, d’une semaine au minimum. Ils constituent une éducation au regard géographique et une initiation aux méthodes de recherche que sont l’enquête ou l’interview, le croquis cartographique et la photographie ; ils donnent lieu à des synthèses qui associent la recherche documentaire et la réalité du terrain.
Extraites de la photothèque constituée à l’occasion de voyages en Amérique du Sud (mars 2007), au Portugal (2008), en Tunisie (2009) ou dans le fossé rhénan (2010), de stages à Dunkerque, à Saint-Malo et au Mont-Saint-Michel ou dans la région lilloise, les photographies sélectionnées ici ne relèvent pas toutes de la « Photographie d’Intérêt Géographique (PIG) », même si c’est le cas de la plupart d’entre elles. L’imprévu, l’insolite ou la poésie s’y mêlent parfois au regard géographique.